Le syndrome de Pfeiffer est une maladie génétique rare présente à la naissance (congénitale). Il s'agit d'une acro-céphalo-syndactylie caractérisée par :
des anomalies des mains et des pieds (déviation caractéristique de la première phalange des pouces et des gros orteils)
à l'origine notamment :
d'anomalies oculaires
Syndrome de Pfeiffer
Trois sous-types 1, 2 et 3 du syndrome de Pfeiffer ont été décrits : le syndrome de Pfeiffer de type 1 est la forme dite classique avec des manifestations moins sévères que dans les types 2 et 3.
L’incidence annuelle du syndrome de Pfeiffer est de 1/100 000.
La plupart des cas de syndrome de Pfeiffer résulte de mutations génétiques spontanées (néomutations) et sont sporadiques. Le plus souvent, il s'agit de nouvelles mutations du gène FGFR2 localisé sur le chromosome 10 (10q25.3-q26) et impliqué dans la signalisation cellulaire au cours du développement embryonnaire.
Des mutations du gène FGFR1 localisé sur le chromosome 8 (8p11.23) peuvent être impliquées dans de très rares cas du syndrome de Pfeiffer de type 1.
Des mutations spontanées ont été associées à un âge paternel avancé.
Pr Corinne Collet
Journée Recherche & Innovation 2021 de la Filière TETECOU
Le syndrome peut se transmettre héréditairement, le plus souvent selon le mode autosomique dominant, c'est à dire que si l'un des parents est atteint, donc porteur d'un gène muté et d'un gène normal, la probabilité pour ses enfants d'avoir le syndrome est de 50 % que ce soit une fille ou un garçon.
Un conseil génétique doit être proposé aux familles concernées.
Des manifestations caractéristiques du syndrome de Pfeiffer sans mutation des gènes FGFR1 ou FGFR2 sont présentes chez près de 20 % des personnes atteintes.
Le syndrome de Pfeiffer est défini comme étant une craniosténose syndromique : la craniosténose n’est pas isolée mais associée à des atteintes d’autres structures ou organes.
Il s’agit d’une faciocraniosténose, c’est-à-dire que la craniosténose est associée à des malformations du visage.
Les personnes atteintes du syndrome de Pfeiffer ont une craniosténose complexe (impliquant plusieurs sutures), le plus souvent bicoronale (fermeture prématurée des deux sutures coronales situées à l'avant du crâne et rejoignant la fontanelle antérieure) : il s'agit d'une brachycéphalie se caractérisant par :
- un crâne aplati et élargi,
- la partie postérieure et inférieure de la tête (occiput) plate,
- un front large qui tend à bomber vers l’avant en surplomb du visage
D'autres sutures peuvent également être impliquées notamment la suture sagittale (située au milieu du crâne et reliant les deux fontanelles antérieure et postérieure) et la suture lambdoïde (située à l'arrière du crâne) à l'origine d'aspects d'oxycéphalie (crâne pointu ou en forme de cône) ou de pansynostose (crâne en trêfle).
Crédit : CRMR CRANIOST et Filière TETECOU
Brachycéphalie : fermeture prématurée des deux sutures coronales
Ces malformations variables du crâne peuvent être visibles à la naissance mais le plus souvent elles apparaissent au cours de la première année de vie.
La fusion prématurée des sutures coronales empêche la partie antérieure du crâne de se développer normalement et peut être à l'origine d'une réduction du volume intracrânien et d'une augmentation de la pression dans le crâne (hypertension intracrânienne), pouvant être responsables de conséquences importantes sur la vision et le développement psychomoteur.
Les principales malformations du visage sont :
une mâchoire supérieure sous-développée (maxillaire hypoplasique) et une mâchoire inférieure proéminente (prognathisme mandibulaire) à l'origine de difficultés pour s'alimenter (mastication difficile).
Les personnes atteintes du syndrome de Pfeiffer peuvent avoir les anomalies oculaires suivantes :
En cas d'hypertension intra-crânienne non prise en charge, le nerf optique peut être endommagé et provoquer une perte de la vision.
Les principaux troubles ORL sont :
Il s'agit notamment de :
à l'origine de difficultés pour s'alimenter.
Il s'agit notamment de :
Le syndrome de Pfeiffer est à l'origine d'une apparence physique différente, source d'une mauvaise estime de soi avec un risque de repli sur soi, d'exclusion.
De plus, les périodes pré et post-opératoires, la gestion de la douleur et l’acceptation de la maladie génèrent souvent de l'anxiété.
Trois sous-types de syndrome de Pfeiffer ont été décrits
Les types 2 et 3 ont été constatés uniquement dans des cas sporadiques (résultant de nouvelles mutations et non transmis par les parents).
Ils présentent un risque de décès précoce à cause de troubles neurologiques graves et de problèmes respiratoires.
Le syndrome de Pfeiffer peut être détecté avant la naissance (en prénatal) à l'échographie prénatale ou à la naissance (néonatal) par l'observation des malformations du crâne, des anomalies caractéristiques du visage, des mains et des pieds.
La confirmation du diagnostic du syndrome de Pfeiffer peut se faire par un test génétique moléculaire identifiant les mutations spécifiques dans les gènes FGFR2 et FGFR1.
Les spécificités de la craniosténose ainsi que les malformations des mains et pieds permettent de différencier le syndrome de Pfeiffer d'autres syndromes d'acro-céphalo-syndactylie (comme les syndromes d’Apert, de Crouzon, de Carpenter, de Sarthre-Chotzen, de Waardenburg), et d’autres formes syndromiques de craniosténoses (comme les syndromes de Jackson-Weiss, de Muenke, d’Antley-Bixler et le syndrome de cutis gyrata-acanthosis nigricans-craniosynostose).
Syndrome d'Apert
Crédits : Filière TETECOU et CRMR CRANIOST (crâne), Piotr Siedlecki - licence Creative Commons (visage), Freepik.com (main, pied)
La prise en charge du syndrome de Pfeiffer doit être réalisée par : une équipe pluridisciplinaire expérimentée de chirurgiens hautement qualifiés : neurochirurgien, chirurgien plasticien pédiatrique, chirurgien maxillo-facial, chirurgien ORL, chirurgien orthopédiste, chirurgien-dentiste ainsi que
des professionnels médicaux et paramédicaux : néonatalogiste, pédiatre, neuropédiatre, généticien, pneumologue, ophtalmologue, anesthésiste, radiologue, orthodontiste, orthophoniste, nutritionniste, audioprothésiste, orthoprothésiste, orthoptiste, kinésithérapeute, ergothérapeute, psychomotricien, psychologue, puéricultrice, auxiliaire de puériculture, infirmier, assistant social,
En coordination avec le pédiatre ou le médecin traitant.
Chez les nouveau-nés en particulier ceux atteints des sous-types 2 et 3 du syndrome de Pfeiffer, les traitements les plus prioritaires concernent les troubles de la respiration et l'hypertension intracrânienne.
Les personnes atteintes du syndrome de Pfeiffer ont besoin de plusieurs interventions chirurgicales de l’enfance à l’âge adulte, qu’il est nécessaire de planifier minutieusement en collaboration avec différents spécialistes en fonction des besoins de chaque enfant, en tenant compte des manifestations et de la croissance du squelette.
Un grand nombre d'interventions chirurgicales, de l'enfance à l'âge adulte, peuvent être nécessaires, ce qui peut être souvent très éprouvant aussi bien pour la personne atteinte du syndrome que pour ses proches. Le soutien psychologique est important.
Le traitement de la craniosténose est exclusivement chirurgical : il a pour but de :
La chirurgie va permettre d’avancer la partie du front et des orbites, qui sont aplatis et déplacés vers l'arrière, avec un geste de remodelage et d'avancement fronto-crânien. La partie de front remodelée et avancée est tenue en place par des vis et des plaques résorbables qui vont disparaître 6 à 18 mois après la chirurgie.
Cette chirurgie est réalisée autour des 7-8 mois de l'enfant.
Dans certains cas, si l’enfant présente également un aplatissement postérieur du crâne, une chirurgie en 2 temps pourra être proposée :
La cicatrice chirurgicale est toujours la même, bien cachée dans les cheveux.
Le risque de réapparition à distance d'une hypertension intracrânienne justifie la nécessité d’un suivi annuel avec des examens ophtalmologiques de fond d'œil (FO) qui vont permettre de détecter rapidement un éventuel problème et programmer si besoin une 2e chirurgie à distance.
Un possible retard d’ossification peut justifier des chirurgies « réparatrices » à l’adolescence.
À mesure que l’enfant grandit, un remodelage du visage peut être nécessaire pour corriger l’hypoplasie.
Une prise en charge ORL précoce est nécessaire pour :
- traiter les troubles respiratoires
- dépister rapidement un éventuel déficit auditif en vue d'appareiller l’enfant si nécessaire, pour favoriser le développement du langage.
Elle se fait en lien avec une prise en charge orthophonique.
Une prise en charge ophtalmologique est nécessaire pour surveiller l'aspect du nerf optique, dépister un éventuel déficit visuel, corriger le strabisme, l'amblyopie.
En plus de l’IRM cérébrale, toujours réalisée au moment de la chirurgie pour bien évaluer la présence d’une éventuelle malformation du cerveau, un éléctroencéphalogramme (EEG) et une consultation avec un neuropédiatre sont nécessaires dans la première année de vie.
Les anomalies dentaires sont prises en charge par une équipe pluridisciplinaire spécialisée (chirurgien-dentiste, orthodontiste, etc.).
Les enfants porteurs du syndrome de Pfeiffer peuvent bénéficier des programmes suivants d'Éducation Thérapeutique du Patient au sein de la Filière TETECOU :
Des ateliers éducatifs, sur l'estime de soi, par exemple, ou des rencontres avec d'autres parents ou enfants peuvent également être organisés.
Les personnes atteintes du syndrome de Pfeiffer doivent être prises en charge dans les Centres de Référence ou de Compétence Maladies Rares Craniosténoses et Malformations craniofaciales (CRANIOST).
Dr Giovanna Paternoster
Journée Nationale 2021 de la Filière TETECOU
Déformations crâniennes du nourrisson
à venir
Dr Anne Morice
Journée Recherche & Innovation 2023 de la Filière TETECOU
Dr Laurence Legeai-Mallet
Journée Nationale 2021 de la Filière TETECOU
Mme Maya Geoffroy
Journée Recherche & Innovation 2021 de la Filière TETECOU
Dr Roman-Hossein Khonsari
Journée Recherche & Innovation 2021 de la Filière TETECOU
Pr Federico Di Rocco et Mme Séverine Colinet
Colloque "Recherche en Sciences humaines et sociales" de la Fondation Maladies Rares (2016)