Le syndrome de Jalili est une maladie génétique rare présente à la naissance (congénitale) caractérisée par :
Syndrome de Jalili
Crédits : Cassandra Vion (dent), ShutterStock (oeil)
La prévalence du syndrome n'est pas connue avec exactitude : elle est estimée inférieure à 1/1 000 000.
Le syndrome de Jalili est dû à des mutations du gène CNNM4, localisé sur le chromosome 2 (2q11 2, 3) et impliqué dans le transport des ions métalliques, en particulier le magnésium.
Le syndrome est transmis héréditairement selon un mode récessif autosomique, c'est à dire que la probabilité pour les parents sains et porteurs du gène muté en un seul exemplaire d'avoir des enfants atteints est de 1/4 que ce soit une fille ou un garçon.
Les manifestations principales du syndrome de Jalili sont des atteintes dentaires et visuelles de sévérité variable selon les personnes atteintes.
Il s'agit d'une atteinte rare de l'émail des dents qui peut être fin mais normal ou hypominéralisé ou les deux.
L'amélogenèse imparfaite concerne aussi bien les dents de lait (dents temporaires) que les dents définitives (dents permanentes).
L'amélogenèse imparfaite provoque une sensibilité dentinaire et un décoloration avec une fragilité des dents temporaires et/ou définitives qui peuvent tomber.
Elle a des conséquences importantes sur la mastication, l'élocution et la phonation des personnes qui en sont atteintes.
Elle impacte également la vie sociale, scolaire et professionnelle, et la qualité de vie des personnes concernées, principalement du fait de l'impact esthétique.
Atteinte visuelle
Il s'agit d'une atteinte rare de la rétine appelée dystrophie des cônes et des bâtonnets se manifestant avant l'âge de 10 ans par :
Coupe de la rétine
montrant les cônes et les bâtonnets
Le diagnostic repose sur l’histoire familiale, l’aspect clinique, radiologique et histologique.
Il peut être établi très tôt dès l'âge de 3 mois sur l'observation des manifestations oculaires. Parfois le syndrome n'est diagnostiqué qu'à un âge avancé souvent après une prise en charge tardive à l'origine d'une aggravation des manifestations visuelles et dentaires.
La confirmation du diagnostic peut être faite par des analyses génétiques.
Pour les formes syndromiques, une nouvelle pré-indication concernant les personnes affectées par une maladie rare à expression bucco-dentaire syndromique dans le cadre du Plan France Médecine Génomique 2025.
Elle permet aux patients de bénéficier d'un séquençage du génome.
Pr Agnès Bloch-Zupan
Journée Nationale 2020 de la Filière TETECOU
La prise en charge globale de la personne atteinte du syndrome de Jalili et de sa famille repose sur une coopération pluridisciplinaire entre un ophtalmologiste, un généticien clinicien et moléculaire, les chirurgiens-dentistes des centres spécialisés (compétents en odontologie pédiatrique, réhabilitation prothétique, implantologie, parodontologie, … ; spécialistes en médecine bucco-dentaire, orthopédie dento-faciale, chirurgie orale), en concertation avec le médecin traitant.
L'équipe paramédicale comprend : opticien, infirmier, conseiller en génétique, psychologue, orthophoniste, orthoprothésiste et prothésiste dentaire, assistant social, etc.
Le traitement est généralement mis en place durant l'enfance et se poursuit jusqu'à l'âge adulte.
Il a pour but de restaurer la fonction de la dentition dans la mastication, l'élocution, la phonation, d'améliorer l'esthétique, favoriser le bien-être émotionnel et psychologique et permettre la meilleure intégration sociale, scolaire et professionnelle des patients.
Il comprend :
- la prévention avec la mise en place d’un programme de santé bucco-dentaire,
- la préservation du capital dentaire, avec un suivi bucco-dentaire, au moins deux fois par an voire plus en fonction des manifestations de la maladie,
- la restauration prothétique globale avec le recours aux coiffes, facettes, onlays, etc.
Une prise en charge précoce et un suivi par un ophtalmologue est indispensable.
Les enfants atteints du syndrome de Jalili peuvent bénéficier des programmes suivants d'Éducation Thérapeutique du Patient au sein de la Filière TETECOU :
Des ateliers éducatifs, sur l'estime de soi, par exemple, ou des rencontres avec d'autres parents ou enfants peuvent également être organisés.
Au sein de la Filière TETECOU, les personnes atteintes du syndrome de Jalili peuvent être prises en charge dans les Centres de Référence ou de Compétence des Maladies Rares Orales et Dentaires (O-Rares) pour leurs soins dentaires
Quelques projets de recherche ...
Registre D[4]/Phenodent : recensement en France des patients atteints d'anomalies dentaires rares et des maladies rares associées
Validation fonctionnelle de variants de signification inconnue (VUS) impliqués dans les amélogenèses imparfaites via des modèles cellulaires 3D récapitulant l’odontogenèse
Impact psycho-social des amélo- et dentinogenèses imparfaites chez le jeune : protocole AiDiBull
Strasbourg, Décembre 2017
Amélogenèses imparfaites et restaurations esthétiques en céramique collée, un nouveau départ pour nos patients. Dr Olivier Etienne
Coiffes pédiatriques en zircone et anomalies de structure de l'émail du cas simple aux restaurations complexes. Dr Serena Lopez-Cazaux
Anomalies de l'émail et prévention : quelles sont les recommandations ? Dr Magali Hernandez
Intraoral and facial 3d scanner monitoring of growth and therapy in family with amelogenesis imperfecta. Pr Tatjana Dostalova
Illustrations réalisées par Cassandra Vion, illustratrice scientifique et médicale www.cassandravion.com. Droits cédés exclusivement pour le site internet de la Filière de Santé Maladies Rares de la Tête, du Cou et des Dents (TETECOU) et de ceux de ses centres de référence (CRANIOST, MAFACE, MALO, SPRATON) qu’il héberge