Le syndrome de Mœbius est une pathologie très rare présente à la naissance (congénitale), caractérisée par une paralysie unilatérale ou bilatérale des muscles du visage et des muscles externes de l'œil qui limitent les expressions du visage.
Des déformations des pieds (pied bot) et des malformations de la main et des doigts (en particulier l’anomalie de Poland caractérisée par un pli unique sur la paume de la main ainsi qu'une insuffisance des muscles pectoraux).
Le syndrome de Mœbius concernerait moins d'une personne sur 50 000.
Il touche aussi bien les femmes que les hommes.
La cause exacte de ce syndrome n'est pas encore connue mais un défaut de développement du tronc cérébral, des facteurs environnementaux (manque d'oxygène intra-utérin, exposition à un agent tératogène) et/ou génétiques pourraient intervenir.
La plupart des cas apparaissent de manière isolée (sporadique). Il existe de rares familles pour lesquelles la transmission du syndrome est héréditaire.
La maladie n'est pas évolutive.
Le syndrome de Mœbius est à l'origine de plusieurs manifestations cliniques, dont la présence et la sévérité sont variables d'une personne à l'autre.
C'est le dysfonctionnement de la 7e paire de nerfs crâniens qui provoque une faiblesse musculaire non évolutive d’un côté (unilatérale) ou des deux côtés (bilatérale) du visage. Elle peut être symétrique ou non entre les deux moitiés du visage. Il en résulte une limitation des expressions du visage (mimiques) comme l’impossibilité de sourire, froncer les sourcils, etc.
Le dysfonctionnement de la 6e paire de nerfs crâniens, qui normalement contrôle les mouvements latéraux des yeux, empêche la vision sur les côtés et donne l'aspect d'un strabisme. Il y a également une impossibilité de cligner des yeux, ce qui peut conduire à une inflammation de la cornée.
Ces paralysies donnent des traits du visage particuliers qui peuvent être à l'origine de difficultés psychologiques et d'intégration sociale (estime de soi, regard de l'autre).
La bouche est souvent légèrement plus petite que la normale et la mâchoire inférieure est moins développée.
L'ouverture de la bouche est souvent limitée mais s'améliore avec le temps.
La mobilité de la langue et des lèvres peut être réduite.
Le réflexe de déglutition (pour avaler) peut être partiellement ou complètement absent, ce qui peut conduire à des fausses-routes, à l'origine de complications bronchiques et pulmonaires.
Il peut être impossible pour certaines personnes de fermer complètement la bouche, ce qui peut alors les faire beaucoup « baver » et également les empêcher de mastiquer et d'articuler correctement.
Une incapacité du voile du palais et du fond de la gorge à permettre une fermeture complète entre la bouche et le nez (incompétence vélo-pharyngée) peut être présente.
Le nouveau-né est généralement incapable de têter et peut avoir des difficultés respiratoires.
Les enfants ont souvent des otites. qui peuvent être à l'origine d'un déficit auditif.
Les oreilles sont souvent plus basses.
Il existe également des problèmes de phonation.
La sécheresse de la bouche est fréquente et favorise le développement des caries.
Les personnes atteintes peuvent également avoir des dents mal-positionnées.
Certains enfants ont une diminution de la force musculaire dans les bras et les jambes qui peut entraîner un léger retard du développement moteur (difficulté pour la position assise ou la tenue de la tête) se résorbant par la suite.
D’autres signes moins fréquents sont possibles tels que des déformations des pieds ou des mains.
Par ailleurs, il existe des formes sydromiques pour lesquelles d'autres signes sont associés (le syndrome de Carey-Fineman-Ziter avec une séquence de Pierre Robin).
Il peut être difficile de diagnostiquer le syndrome de Moebius à la naissance.
Plus tard, le diagnostic peut être confirmé chez le nourrisson par les troubles de la déglutition qui se répercutent sur l’alimentation et la respiration, ainsi que par l'absence de mouvements du visage, notamment lors des pleurs et les difficultés à tourner le regard.
Chez l'enfant plus grand, ce sont les troubles de l’articulation et le retard psychomoteur de la partie supérieure du corps, qui peuvent orienter le médecin vers le diagnostic.
La prise en charge globale de la personne atteinte du syndrome du Mœbius et de sa famille repose sur une coopération pluridisciplinaire médicale pouvant impliquer, selon les manifestions : pédiatre, neurologue, neuropédiatre, chirurgien plastique pédiatrique, chirurgien maxillo-facial, ophtalmologue, chirurgien orthopédiste, ORL, nutritionniste, chirurgien-dentiste des centres spécialisés (compétents en odontologie pédiatrique, réhabilitation prothétique, implantologie, parodontologie, … ; spécialistes en médecine bucco-dentaire, orthopédie dento-faciale, chirurgie orale), etc.,
ainsi qu'une équipe de professionnels paramédicaux et sociaux : orthophoniste, kinésithérapeute, psychomotricien, ergothérapeute, diététicien, psychologue, assistant social, etc.
dont la coordination peut être assurée par un des spécialistes, en lien avec le médecin traitant.
Au sein de la Filière TETECOU, les enfants atteints du syndrome du Mœbius peuvent être pris en charge dans :
Les enfants ayant des difficultés respiratoires et d’alimentation dans leurs premières années de vie, nécessitent d’être nourris par sonde ou avec des biberons spéciaux et en les positionnant de telle manière que leur prise d’aliments soit facilitée malgré leur difficulté à fermer la bouche et la faiblesse des muscles de la bouche.
Des interventions chirurgicales peuvent être proposées chez l’enfant après l'âge de 7 - 8 ans pour rendre une mobilité au visage et donner la capacité de sourire. La technique chirurgicale la plus fréquemment employée, consiste à transférer le tendon d'un muscle de la tempe au coin des lèvres pour relever ce dernier et permettre le sourire ("myoplastie d'allongement du muscle temporal").
Des injections de toxine botulinique peuvent permettre d'améliorer le résultat. Des rééducations spécifiques sont nécessaires avant et après la chirurgie.
Des consultations ORL régulières annuelles sont nécessaires pour contrôler l'audition.
La survenue d'otites répétées peut nécessiter la pose d'aérateurs trans-tympaniques.
Des appareillages auditifs peuvent être proposés en cas de surdité.
Des séances d’orthophonie peuvent être proposées pour les difficultés d’élocution et renforcer les muscles au niveau de la bouche.
La sécheresse de la cornée, consécutive à l'impossibilité de cligner les yeux, peut être traitée par l'utilisation quotidienne de larmes artificielles.
Le strabisme peut être corrigé par de la chirurgie oculaire.
Une chirurgie des paupières est possible à partir de l'adolescence.
Une bonne hygiène bucco-dentaire et un suivi régulier avec un dentiste sont nécessaires en raison des risques de caries.
Un soutien psychologique peut être nécessaire pour gérer les difficultés de communication liées à l’absence totale de mimiques et pour une meilleure estime de soi.
Les personnes atteintes du syndrome de Mœbius peuvent bénéficier des programmes suivants d'Éducation Thérapeutique du Patient :
Des ateliers éducatifs, sur l'alimentation ou l'estime de soi par exemple, ou des rencontres avec d'autres parents ou enfants peuvent également être organisés.
avec l'Association Syndrome Mœbius France
à commander auprès de l'Association
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