Le syndrome Kabuki (ou syndrome de Niikawa-Kuroki) est une maladie génétique rare, caractérisée par des malformations d'organes (cœur, rein, œil, oreille, squelette, dent, palais, etc.), des traits du visage particuliers (dysmorphie faciale), un retard de croissance pré et postnatal, un déficit intellectuel (de léger à modéré), des manifestations immunologiques, des anomalies hormonales (ou endocriniennes, notamment un déficit en hormone de croissance et un hyperinsulinisme), une obésité.
Deux gènes, KMT2D et KDM6A, sont impliqués dans ce syndrome.
Le plus souvent, le syndrome apparaît à la suite d'un accident génétique (mutation spontanée).
L’incidence du syndrome est estimée à 1 pour 35 000 naissances environ.
Le syndrome Kabuki est à l'origine de nombreuses manifestations cliniques, dont la présence et la sévérité sont variables d'une personne à l'autre.
Les atteintes du visage, du coeur, des os (scoliose, anomalies des doigts) et le déficit intellectuel sont les plus fréquemment présents.
Les personnes atteintes du syndrome Kabuki ont des traits du visage reconnaissables : des sourcils souvent arqués et raccourcis au tiers moyen, des paupières tombantes (ptosis bilatéral), les coins externes des yeux (fentes palpébrales) allongés avec un baîllement (éversion) du tiers externe de la paupière inférieure donnant un aspect maquillé.
Les oreilles sont souvent grandes, décollées ou plus basses (dysplasiques). Le nez est souvent petit. La bouche est également petite avec une lèvre supérieure fine et une lèvre inférieure éversée avec un aspect bilobé.
Ces traits particuliers du visage peuvent être à l'origine de difficultés psychologiques et d'intégration sociale (estime de soi, regard de l'autre).
Une fente palatine est souvent présente.
Les enfants atteints ont souvent des otites à répétition qui peuvent être à l'origine d'une surdité dite de conduction.
Ils peuvent aussi avoir des malformations au niveau de l'oreille interne pouvant conduire à une surdité de perception.
Les troubles de succion-déglution
Le syndrome Kabuki est à l'origine de difficultés de succion-déglutition, l'enfant a du mal à s'alimenter.
Les atteintes dentaires
Les personnes affectées du syndrome Kabuki ont des anomalies du nombre de dents : agénésies dentaires en nombre variable : hypodontie (absence de moins de 6 dents), oligodontie (absence de plus de 6 dents), en dentures temporaire et permanente.
Le diagnostic repose très souvent sur l'analyse de la morphologie du visage.
Une confirmation génétique est nécessaire.
La prise en charge globale de la personne atteinte du syndrome Kabuki et de sa famille repose sur une coopération pluridisciplinaire médicale pouvant impliquer, selon les manifestions : pédiatre, neuropédiatre, généticien, urologue, ophtalmologue, cardiologue, chirurgien cardiaque, chirurgien orthopédiste, rhumatologue, dermatologue, neurologue, ORL, psychiatre, pneumologue, nutritionniste, endocrinologue, hématologue, chirurgien-dentiste des centres spécialisés (compétents en odontologie pédiatrique, réhabilitation prothétique, implantologie, parodontologie, … ; spécialistes en médecine bucco-dentaire, orthopédie dento-faciale, chirurgie orale), chirurgien maxillo-facial, etc.
ainsi qu'une équipe de professionnels paramédicaux et sociaux : orthophoniste, kinésithérapeute, psychomotricien, ergothérapeute, diététicien, psychologue, éducateur spécialisé, assistant social, auxiliaire de vie sociale,
dont la coordination peut être assurée par le généticien ou un des spécialistes, en lien avec le médecin traitant.
Au sein de la Filière TETECOU, les enfants atteints du syndrome Kabuki peuvent être pris en charge dans :
Le traitement des malformations faciales
Le traitement des malformations faciales, en particulier de la fente palatine est chirurgical. Un accompagnement orthophonique est nécessaire durant l'enfance et parfois l'adolescence.
Le traitement des atteintes ORL
Des consultations ORL régulières annuelles sont nécessaires pour contrôler l'audition.
La survenue d'otites répétées peut nécessiter la pose d'aérateurs trans-tympaniques.
Des appareillages auditifs peuvent être proposés en cas de surdité.
Le traitement des troubles de succion-déglutition
Le traitement des difficultés pour s'alimenter passe par l'orthophonie, la sonde nasogastrique, parfois la gastrostomie.
Le traitement des anomalies dentaires
Le traitement a pour but de restaurer les fonctions orales : mastication, déglutition, élocution, phonation, et surtout d'améliorer l'esthétique.
L'objectif de ces traitements est de favoriser le bien-être émotionnel et psychologique et de permettre la meilleure intégration sociale, scolaire et professionnelle des personnes.
Il comprend :
la restauration prothétique globale avec le recours notamment aux prothèses amovibles complètes ou partielles (dès l’âge de 3 ans ou dès que la coopération de l’enfant le permet), aux prothèses fixées et aux implants à l'âge adulte, etc.. Des implants peuvent être posés en cours de croissance dans la zone antérieure de la mâchoire inférieure, zone ne subissant plus de croissance à partir de l’âge de 6 ans.
Les personnes atteintes du syndrome Kabuki peuvent bénéficier des programmes suivants d'Éducation Thérapeutique du Patient :
Des ateliers éducatifs, sur l'alimentation par exemple, ou des rencontres avec d'autres parents ou enfants peuvent également être organisés.
Les agénésies dentaires
Les personnes atteintes du syndrome Kabuki et porteuses d'agénésies dentaires peuvent bénéficier des dispositifs de remboursement des soins par l'Assurance Maladie dans le cadre des affections de longue durée dites "hors liste" (ALD 31).
Pour en savoir plus, consultez :
- les fiches pratiques du site de l'Assurance Maladie (AMELI) :
La prise en charge des agénésies dentaires multiples liées à une maladie rare (informations pour professionnels)
Agénésies dentaires multiples chez l'enfant et chez l'adulte (informations pour les patients)
- les informations du site O-Rares :
Le déficit auditif
Les personnes atteintes du syndrome Kabuki et souffrant d'un déficit auditif peuvent bénéficier de :
Pour les appareils auditifs classiques en conduction aérienne, chez l’adulte de 20 ans et plus, l’Assurance Maladie rembourse 120 € par appareil, les complémentaires santé 350 € en moyenne, soit 470 € au total.
Le coût moyen d’une audioprothèse en voie aérienne, toutes gammes confondues, est de 1535 €.
Le remboursement est complet depuis 2021 grâce à la réforme 100% santé audiologie 2019-2021, chez l’adulte et l’enfant, que la surdité soit uni ou bilatérale, pour une gamme étendue d’appareils (contour d’oreille, intra conduit, appareil à écouteur déporté) à garder au minimum 4 ans, avec un mois d’essai et 2 réglages par an
Consulter les informations sur le site du Ministère de la Santé
Pour une prothèse en conduction osseuse, le coût allait jusqu’à 4200 €, comprenant l’appareil lui-même, la prestation initiale (analyse, adaptation de l’appareil et réglages) et le suivi prothétique étalé sur 5 ans en moyenne.
Depuis novembre 2019, le remboursement des appareils en conduction osseuse Baha® (CochlearTM) et PontoTM (Oticon Medical) est complet et le renouvellement si nécessaire possible tous les 2 ans.
Prise en charge par la MDPH
La Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) est utile si des aménagements particuliers, notamment scolaires, sont nécessaires (demande d’Accompagnant d'Elèves en Situation de Handicap, AESH, de micro HF).
De même, le dossier MDPH doit être réalisé pour les déficits auditifs s’intégrant dans des syndromes poly-malformatifs dont la prise en charge engendre un surcoût important pour les familles.
Une aide financière peut alors être apportée par le biais de l’AEH (allocation enfant handicapé).
Consulter les informations sur le site de la CNSA
Des groupes de soutien peuvent aider les enfants et leurs familles à faire face à la différence, promouvoir la confiance, la résilience et une image de soi positive.
Il peut s'agir de familles ressources, d’associations de parents d’enfants atteints de la pathologie, ainsi que de groupe de patients sur les réseaux sociaux.
Il existe également les centres d’information sur la surdité.
Next generation phenotyping for diagnosis and phenotype–genotype correlations in Kabuki syndrome
Article issu du projet AIDY entre l’AP-HP, Assistance Publique -
Hôpitaux de Paris et l’Institut Imagine - collaboration internationale pour réunir
une base photographique clinique unique au monde sur le syndrome Kabuki,
avec les CHU de Grenoble, Tours, Nantes, Montpellier et des équipes en Suisse
et en Thaïlande
Illustrations réalisées par Cassandra Vion, illustratrice scientifique et médicale www.cassandravion.com. Droits cédés exclusivement pour le site internet de la Filière de Santé Maladies Rares de la Tête, du Cou et des Dents (TETECOU) et de ceux de ses centres de référence (CRANIOST, MAFACE, MALO, SPRATON) qu’il héberge